quelques poèmes de la Chine ancienne

Voilà, je vous livre quelques poèmes que j’ai découvert dernièrement en flânant à la bibliothèque…

 

Li Qingzhao 12ème siècle

 

TROP LOURD…

 

Le vent se calme, ne laissant que poussière de fleurs fanées.

Le soleil se couche : trop lasse pour me recoiffer.

Les choses demeurent, mais lui n’est plus et tout est fini.

Les larmes roulent avant que les mots viennent aux lèvres.

 

Il paraît que le printemps est encore beau au Double Ruisseau.

J’aimerais m’y promener en barque légère,

Mais je crains que le bateau de la rivière

Ne puisse supporter le poids de mon chagrin.

 

Xu Fei 13ème siècle

 

LE MIROIR ET LE CERF-VOLANT

 

Mon coeur est la surface du miroir de métal,

Limpide comme les eaux d’automne.

Celui de mon amant en est le dos rugueux,

Qu’aucun polissage ne rendra clair.

 

Le coeur de mon amant est les cert-volant

Qui vole au vent, son fil cassé.

Puisse une branche de la forêt la-haut

Me le retenir définitivement !

 

 

Bai Juyi 9ème siècle

 

ECOUTANT UNE FEMME CHANTER DANS LA NUIT

 

La nuit tombée, on mouillait à l’île du Perroquet.

La lune d’automne illuminait les flots limpides.

Sur l’embarcation voisine quelqu’un chantait :

Une mélodie d’une poignante tristesse.

Le chant s’arrêta et fut suivi de sanglots.

Ce n’étaient que pleurs entrecoupés de sanglots.

Je cherchais la personne, guidé par le son.

Je vis un visage de femme, d’une pâleur de neige.

Elle se tenait debout contre le mât, seule.

Une belle fille d’à peine dix-huit ans.

Dans la nuit ses larmes semblaient des perles,

Doubles rangées de lunes, qui tombaient…

J’envoyai demander à qui elle était,

Pourquoi son chant et ses pleurs étaient si poignants.

A chaque question répondait un flot de larmes.

Elle baissait la tête sans ouvrir la bouche.

 

 

Ces poémes sont si délicats, les mots se suivent telle une brise légère…..cela me rend mélancolique…surtout le dernier car on peut imaginer la cause de ces larmes…….J’aime ces non-dits, cela me fait partir dans mon petit monde à moi, bien loin de tout ce foutu bazar, pas loin je pense, de la planète du Petit Prince !…A vous de m’y rejoindre !