Mon statut d’AVS

Un article paru dans le Monde aujourd’hui et qui concerne mon travail : AVS !
Tout y est dit….Perso, j’adore ce job mais cela me coûte de l’argent (le trajet, les repas, les aides supprimées…), rester au chômage aurait été plus avantageux financièrement pour moi ; j’ai perdu tous mes avantages, je sais que je ne serais jamais embauchée mais j’aime ce que je fais et je n’arrive pas à me résoudre de quitter cette place ! Un peu de reconnaissance professionnelle serait aussi le bienvenu, mais il ne faut pas rêver…..

Tous les ans, à l’approche des vacances d’été, c’est la même angoisse pour Céline San Nicolas-Quaglia : elle se demande si son contrat d’assistante d’éducation, d’une durée d’un an renouvelable six ans, va être reconduit. Cette fois, c’est sûr, elle ne fera pas la rentrée de septembre : les six années sont écoulées.

 

Auxiliaire de vie scolaire (AVS), Céline San Nicolas travaille au collège Lakanal, à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Elle s’occupe de Emma, scolarisée en 3e, handicapée moteur. La jeune femme de 31 ans raconte son quotidien : "Le matin, je récupère Emma sur le parking de l’école. Je lui porte son sac, trop lourd pour elle. En classe, je m’assois à côté d’elle et prend le relais de la prise de notes quand elle est fatiguée. Je lui fais aussi du soutien scolaire quand elle a raté un contrôle ou qu’elle n’a pas compris un exercice."

Voilà quatre ans qu’elle accompagne la jeune fille. La séparation, en juin, sera douloureuse. Aussi, ont-elles tout essayé pour faire perdurer l’accompagnement. Emma a écrit à l’inspection d’académie pour que Céline puisse la suivre au lycée. Céline a multiplié les courriers et les coups de fil pour demander si elle pouvait "espérer quelque chose". La sentence est tombée dans une lettre datée du 27 mai : l’inspecteur d’académie la remercie de s’être " investie " dans sa mission et lui annonce qu’elle recevra "une attestation employeur destinée au Pôle emploi qui vous permettra de vous y inscrire".

UN PASSAGE SOUS LE GIRON ASSOCIATIF

Mais récemment, elle a entendu parler d’associations qui reprenaient les AVS en fin de contrat. Elle s’est alors mise à postuler à tout-va. Sa démarche a peut-être une chance d’aboutir : le ministre de l’éducation nationale Luc Chatel et Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la famille, ont signé mercredi 9 juin une convention avec des associations de services d’aide à domicile (SAAD).

La semaine dernière, le 1er juin, une première convention avait été signée avec quatre associations de personnes handicapées (Fédération générale des PEP, Ligue de l’enseignement, Fnaseph et Autisme France) pour "permettre la poursuite du recrutement, par ces associations, des AVS dont le contrat ne peut être renouvelé par le ministère".

Les quelque 600 AVS en fin de contrat devraient donc passer sous le giron associatif en septembre. Selon les données ministérielles, ces personnels seraient près de 21 000 : 9 000 sont contractuels de l’éducation nationale, 12 000 ont un contrat aidé (privé). Ceux-là ne sont pas concernés par les "reprises". "Depuis la loi ‘handicap’ de 2005,  le nombre des contrats aidés a augmenté", ajoute le ministère, sans en dire davantage.

L’année dernière, Luc Chatel avait déjà signé une convention avec des associations. "Seule une centaine d’AVS avaient été repris", déplore Nelly Paulet, responsable nationale au SE-UNSA. La nouveauté cette année concerne l’entrée, dans le dispositif, des associations d’aide à domicile. Céline garde espoir : "Je me dis qu’avec mon expérience, ils ne peuvent tout de même pas me laisser partir !"

"ON NE DOIT PAS S’ATTACHER"

Il faut dire que depuis 11 ans, elle cumule les contrats précaires, les élèves et les établissements. En 1999, elle signe un emploi jeune avec l’association départementale des pupilles de l’enseignement public. Cinq ans plus tard, l’éducation nationale lui propose un contrat d’assistante d’éducation, à condition d’accepter un temps partiel de 20 heures et un salaire de 510 euros net par mois. Parce qu’elle "adore" son métier, elle accepte. Les deux premières années, elle garde la même élève en charge, Emilie, qu’elle aura suivi en tout six ans, de sa 6e jusqu’au BEP. Puis Emma, depuis 2006.

"Normalement, on ne doit pas garder les enfants aussi longtemps, on ne doit pas s’attacher", rapporte Céline. Mais l’affect, c’est sa façon à elle de "faire du bon boulot". Avec Emma, comme avec les autres, elle a développé une forte complicité. "Je suis sa confidente. Mais je lui fais aussi la morale et essaie de la mettre au travail."

Ces enfants handicapés, aujourd’hui, elle les connaît par cœur. Il n’en a pas toujours été ainsi. "Avec le premier, je me sentais complètement démunie." Puis elle a appris, "sur le tas". Son métier, qui n’est pas reconnu comme tel, ne requiert que le baccalauréat. Céline, diplômée d’un BTS "économie sociale", a pu se "certifier" via des formations ponctuelles, délivrées par l’éducation nationale. Mais " elles n’étaient pas individualisées et rarement adaptées à mon ancienneté et mon public", juge la jeune femme.

Tous les ans, associations et syndicats revendiquent la création d’un " véritable métier d’accompagnant d’élèves handicapés ". Tous les ans, ils exigent "une formation en adéquation avec les compétences exigées". Cela n’est pas au programme de la prochaine année scolaire.

Aurélie Collas
 

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